Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
OH PARDON ! TU LISAIS...
OH PARDON ! TU LISAIS...
  • Blog littéraire pour partager mes avis de lecture, pour parler des auteurs-autrices, leurs livres, leurs maisons d'éditions, leur passion et la mienne : l'écriture. Les bienfaits de la lecture sont magiques. Je souhaite à chacun le bonheur de lire.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
4 décembre 2022

« LE JOURNAL INTIME D’UN ARBRE » de Didier Van Cauwelaert

 

IMG_0384

Éditions Michel Lafon - 2011 – 249  pages-

 RÉSUMÉ  En presque trois cent ans, Tristan le poirier en a vu passer, du monde sous ses branches ! Mais aujourd’hui on va l’abattre, au grand dam de Georges, son colocataire humain, et de Manon, cette petite voisine qui a trouvé en lui un confident voire un père. Va-t-il survivre à cette coupe, et sous quelle forme, dans quel imaginaire ? Tristan aura-t-il une influence sur ce couple dont lui et elle ont vécu, chacun à leur manière, une histoire si forte avec l’arbre ?

 PITCH  Un livre exquis porteur de l’espoir de l’auteur que l’humain réussira enfin, un jour ou l’autre, à s’adapter aux arbres, à les entendre, à communiquer avec eux, à les respecter et même à se laisser influencer par leur savoir et leur sagesse d’arbres ! Et peut-être même à se reconsidérer comme faisant partie d'un tout : la nature.   Un roman drôle car anthropomorphique ? « Non, tout ceci n’est pas que de l’anthropomorphisme ».

 MON AVIS  Lire Didier Van Cauwelaert, c’est un peu comme réussir son plat grâce à une bonne recette ! Aucun ingrédient ne manque : la construction impeccable offre une cocotte en fonte de qualité, bien culottée par le temps, dans lequel il va ajouter l’un après l’autre les multiples ingrédients-rebondissements. Plusieurs enjeux thématiques vont mijoter durant la cuisson-lecture et même après. Il a la main leste sur la crème fraîche et le vin (l’humour et l’imagination sans limite). Dans le fond, éclater de rire ne fait pas grossir, non ? La grosse cuillère en bois joue avec les émotions, elle remue les sentiments-épices et parfois la sauce est aigre douce. J’octroie une note exceptionnelle aux plats du chef cuisinier Van Cauwelaert qui font le même effet qu’un succulent dîner en tête à tête...

 Cet écrivain traite principalement dans ses livres de la mort et de l’après. Forcément, des événements loufoques nous interrogent ou nous dérangent d’autant plus ici qu’il s’agit d’un arbre ! Donc d’un être vivant non humain. Mais vivant ! Donc vie = mort = peut-être quelque chose après. « J’ai peur de disparaître. C’est cela, alors, « s’humaniser » ? Redouter le néant ? »

Tristan notre poirier, en tant qu’être vivant, va connaître de nombreuses questions existentielles sur son rôle, son passé, sa survie, les âmes à aider, le sens de la vie, la mémoire, la conscience…  Son « mental » d’arbre connait beaucoup d’agitation ! (un peu de stress ?)  « Si ma conscience demeure, elle ne sera plus en lien qu’avec des pensées humaines, et ce sont des repères si peu fiables, des échanges si complexes »

 Les questions et problèmes affluent dès sa chute au sol. « Ce n’est pas la perte de nous-mêmes qui nous obsède, c’est la rupture d’une harmonie ». Tristan a conscience de faire partie d’un tout. Jusqu’à présent il percevait des émotions, comme par exemple une certaine crainte du feu ou des tempêtes. Mais cette chute transforme son mode de perception. Alors qu’il voyait à travers le regard de ses amis animaux, fruits ou même humains, le voilà apte à ressentir les émotions nichées à l’intérieur de l’humain ! Alors sa vision du monde s’en trouve modifiée« C’est curieux : à mesure que se raréfient les infos transmises par l’unique racine qui me relie encore au sol, on dirait que je suis davantage perméable aux émotions des humains hors de portée. Je les « sens » mieux. »

  Plusieurs vies de personnages hauts en couleur s’entremêlent dans ce livre, avec pour point commun que chacun.e a gravité autour de Tristan et l’a aimé. Le poirier tient le rôle de tronc vertébral du roman. Sans lui, leurs destins à tous auraient été très différents. Qu'est-ce qu'il est attachant, ceTristan ! « Intelligent, sensible et vulnérable » (discours d’un pilote anglais atterri dans ses branches durant la deuxième guerre mondiale) !

 A l’heure où l’accès à l’énergie est compliqué, la question de Tristan m’a fait sourire : « Ressent-on un peu de chaleur quand on réchauffe les autres ? »


 LE CONSEIL DU MATOU CHARLY, INTELLO MAIS PAS TROP  Je n’ai jamais connu de poirier dans ma vie de chat d’intérieur lâchement abandonné un jour en milieu citadin…Mais maintenant, depuis la fenêtre de mon foyer d’amour, je communique avec les immenses platanes qui agitent leurs feuilles ! Actuellement elles ont revêtu leurs tenues d’automne et je les admire comme à un défilé de mode ! Bientôt les arbres deviendront des naturistes… Coquins, va !


 LA DRÔLE D'ORDONNANCE DE LA PSY ET COACH EN HERBE  L’auteur a beaucoup étudié la vie des arbres et le langage secret de la nature. Je le remercie d’avoir osé aborder un sujet si primordial par le biais de l’humour et du rire qui détend zygomatiques et synapses. Vous ne pourrez désormais plus passer à côté d’un arbre, être sensible,  comme à côté d’une chose. Respirez profondément, parlez-lui, touchez-le délicatement, et en connectant à votre humanité profonde, vous pourrez peut-être alors apprendre de lui comme auprès d’un vieux sage.

! VIVEMENT « LA DÉCLARATION DES DROITS DE L'ARBRE » !

 

Publicité
Publicité
Commentaires
P
Quel belle chronique ! Vous m'avez donnez envie d'en savoir plus et retourner Vinted pour me procurer cet ouvrage. <br /> <br /> Bonne continuation et longue a ce joli blog.
Répondre
J
J'ai lu récemment un livre traitant du même sujet (les arbres) mais à travers la vie d'un chêne. <br /> <br /> https://www.actes-sud.fr/catalogue/nature-et-environnement/etre-un-chene <br /> <br /> mais écrit ni de manière humoristique, ni de manière vraiment philosophique. <br /> <br /> Cela tient peut-être au fait que le chêne est un arbre sérieux, austère, un arbre de meubles et de parquets, quand le poirier est un arbre plus... fun ? un arbre de gourmandises, d'acrobaties (on dit bien faire le poirier ^^)<br /> <br /> [un poirier disparu hante mes souvenirs, mais mon véritable arbre de cœur est un noyer, bien vivant, qui a poussé sauvage derrière la maison]
Répondre
Publicité