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OH PARDON ! TU LISAIS...
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5 mars 2023

« L’ENFANT THÉRAPEUTE » de Samuel Dock

 

L'ENFANT THÉRAPEUTE

Éditions PLON – rentrée littéraire 2023 – 334 pages 

La preuve qu’un maléfice familial peut être terrassé comme un dragon, laissant place à l’humanité, l’amour, le pardon, la VIE !

 

PITCH : C’est quoi en fait, une famille normale ? Comment on conjure un sort de souffrance que l’on se refile comme un cadeau empoisonné dès la conception ? Génération après génération, des maux… Puis enfin des mots dits capables de chasser les maux-dits… Ce roman est la preuve que nous pouvons sortir de la prison de notre histoire non choisie, non désirée, que l’humanité même ensevelie, peut renaître comme le printemps. Il faut du courage (beaucoup), du temps, de l’amour, de l’accompagnement. Ouvrez la cage aux oiseaux !

 

RÉSUMÉ : Samuel nous raconte son histoire, indissociable de celle de sa lignée. Après le départ de son père, Samuel sombre dans un « État Fantôme ». Il souffre entre autres d’un manque abyssal, s’efface face à une mère fragile, visiblement en souffrance et fusionnelle avec la sœur de l’auteur, à qui, anorexique, elle donne toute la place. Samuel fuira cette ambiance violente et mortifère, deviendra psychopathologue, écrira, défendra les droits des enfants maltraités. Lorsque sa mère se dévoile à 68 ans à travers un journal, il découvre avec effroi son enfance monstrueuse. L’abcès crevé, tous deux font enfin connaissance, se libèrent pas à pas de la violence, s’éloignent de la falaise, direction une vie commune à inventer.

 

 MON AVIS : en lisant ce roman, j’ai pensé à Pompéi, à la destruction totale. Quand tout est brisé, anéanti, il n’est plus question de réparer, de colmater… Il faut du temps, des fouilles pour retrouver des informations sur la culture (ici la lignée), grâce à ça on s’éloigne de la décadence romaine de l’époque, ce qui assainit la base avant de poser de nouvelles fondations solides... Malgré son effondrement dès l’adolescence, Samuel a survécu dans les cendres d’un Pompéi familial, en proie aux fantômes du passé. Il mettra du temps à découvrir la vérité sur sa lignée à cause des « mensonges charitables « de sa mère. (Vous connaissez cette phrase ? : Laisse le passé tranquille !).  

 

L’architecture, la structure est partout chez Samuel Dock. Jusqu’à la construction de son roman en trois étages (euh… parties) :

– Dans la première, il décrit avec poésie et cette plume sublime son état de néant, sa solitude, son manque, son enfermement, son errance émotionnelle, un état de flottement permanent très semblable à celui de sa mère : « Tu résidais dans l’État Fantôme toi aussi, cité morte dans la vallée encaissée de la psyché ».

Samuel est en étau entre sa mère destructrice et sa sœur vampire, prêt à couler, impuissant, lui, « enfant thérapeute », en mission impossible, celle de sauver une famille contre un peu d’attention, de tendresse. « Je me croyais enfant thérapeute, oui. À ma naissance, tu avais fait le vœu que je pourrais te réparer, vivre à travers moi l’enfance dont tu avais été privée. » Quel destin terrifiant ! La psychanalyste Alice Miller a beaucoup écrit sur le sujet du premier regard qu’une mère pose sur son bébé, moment déterminant du respect de son intégrité.  L’aimera-t-elle pour lui ou pour enfin combler ses manques à elle ? Qui sera la colonne vertébrale de l’autre ? Samuel semble avoir été désigné inconsciemment pilier de famille, béquille, déambulateur… Voilà une belle malédiction !  « Après tout, l’esprit se disloque bien avant même que survienne l’accident ».

Mais ne pas avoir été l’objet d’attente de sa mère, (comme l’était sa sœur) a sûrement sauvé Samuel. Il fuit, s’entoure bien : un compagnon aimant et bienveillant, un psy, et son amie l’écriture, car celle-là, c’est clair, elle l’aime d’un amour aussi élégant que fidèle !

 

– Dans la deuxième partie, il abandonne ce TU si émouvant du dialogue intérieur avec sa mère pour incarner courageusement, par le JE, sa mère dans son journal. Quatorzième enfant, fille d’un héros de guerre devenu bourreau, d’une mère battue, anéantie, dont la petite Béatrice sera le bouclier... avant d’être enfin retirée de sa famille à cinq ans, survivante abimée à jamais physiquement, psychologiquement, affectivement, par tant de supplices. « Si je ne méritais pas mon existence en forme de châtiment, comment la supporter ? » Les sœurs du pensionnat lui apporteront sécurité, présence, affection, éducation, quiétude pour tenter de conjurer un sort, mais là encore, malheureusement, on ne mettra pas de mots !!! Or la graine du mal est plantée, désormais l’hypervigilance fera partie de son quotidien : « Mes premières années de vie m’avaient appris à être extrêmement attentive aux moindres signaux de mon environnement, même les plus infimes ».

Pour rester dans le registre de l’architecture, chez Béatrice, seule la façade a été réparée ! La fillette a été abandonnée à ses ruines intérieures « …un enfant croit en ses parents comme en des divinités, que leurs actions envers eux paraissent toujours méritées. »

 

« Tu m’as mis au monde mais je m’apprête à te rencontrer pour la première fois » Une nouvelle naissance que cette troisième partie ! Béatrice voit un psy, libérant Samuel et rendant possible la construction d’une relation sur des bases saines (encore l’architecture !!!). Ses actes prennent enfin sens, elle saisit qu’un choc traumatique ressemble à un tremblement de terre suivi de répliques, que l’abandon du mari l’a replongée avec une violence immonde dans son enfance cauchemardesque. Quand cœur, âme, psyché sont marquées au fer rouge, seule la volonté ne peut libérer, protéger, sécuriser. Un coup de vent et pff… l’oiseau est poussé dans la cage de ses supplices d’hier. Et le cercle vicieux triomphe, le parent perpétue malgré lui la malédiction familiale pour cesser de souffrir. Et c’est reparti pour un tour…


 

LE CONSEIL DU MATOU CHARLY, INTELLO MAIS PAS TROP : « C’est sur un divan que je vous ai rencontrés, toi et papa ». Moi, je suis « intello mais pas trop », de nature plutôt hédoniste. Alors de une, je ne paye pas pour m’allonger sur le canapé! De deux, je n’y rencontre ni papa, ni maman, seulement mon humaine! Et de trois, vous les humains, vous avez vraiment besoins des psys !!! Moi ça va, suis plutôt cool sur mes coussinets...


 

LA DRÔLE D’ORDONNANCE DE LA PSY ET COACH EN HERBE : l’histoire de l’humanité… Toutes ces fratries où chacun, tour à tour, brise le suivant comme il a été brisé … Et un jour, une personne n’a plus d’autre choix que de s’arrêter pour réfléchir sur son passé, car plus rien ne va, elle ne PEUT PLUS continuer cette vie intolérable, inadmissible. Samuel est de ceux-là, cherchant, parlant, enquêtant, pour son bien, celui de la fratrie, celui de l’humanité. Car tout est lié. Plus l’enfance souffrira dans le monde, plus la vie sur terre sera violente et abominable. Merci pour ce livre Samuel ! Merci à cette mère qui a trouvé assez d'amour et de courage pour plonger dans ses abysses !

 


 

Vous avez apprécié ? Lisez Alice Miller « Le drame de l’enfant doué », « Mon cœur bat vite » de Nadia Chonville, et les autres livres de Samuel Dock.

 

 

 

 

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