"L’AVENTURE BÉNIE DU SAC TOXIQUE " de David Zaoui

  Éditions Eyrolles –Mars 2023 – 350 pages-

Un livre puissant sous couvert de drôlerie, tendre, déjanté, les pieds sur terre et la tête dans les étoiles !

PITCH : Un gars ben ordinaire d’une cité HLM gangrénée par le trafic de drogue va faire le bien autour de lui avec l’argent du mal et découvrir du sens à la (sa) vie et peut-être même son moi profond ...

RÉSUMÉ : Richou, 30 ans, célibataire, peu ambitieux mais jamais sans travail, vit dans la cité de Pantin. Un matin, alors qu’une grosse opération policière a lieu et que Maktouf, le roi de la came, est arrêté, une envie pressante l’oblige à uriner dans un bosquet où il est assommé par un sac Adidas lancé d’une fenêtre. Dedans, un énorme butin ! Le rabbin Meyer suggère d’utiliser cet argent pour redonner vie et espoir au quartier. L’imam et le prêtre sont de la partie. Mais les dealers recherchent cet argent et ne lâcheront rien ! 

 MON AVIS : Ce livre est mon troisième David Zaoui. Chaque lecture m’apporte joie, lâcher prise, et l’impression d’être au cinéma. L’auteur vient du monde du septième art et ça se sent, ses histoires se regardent presque plus qu’elles ne se lisent. Tendresse et poésie sont ses armes, son message passe en douceur, jamais en force ! Son secret ? Avoir conservé son âme de gosse, cette folie enfantine, ce côté « barré ».

  « L’aventure bénie du sac toxique » rassemble les ingrédients d’une fable et plaira certainement aussi aux lecteurs de young adult. L’histoire possède une morale, on côtoie le bien et le mal, on découvre combien l’humain est sur terre pour agir et réparer.

Sous couvert d’un roman drôle et moderne, l’auteur dresse le bilan des quartiers depuis le tournant des années 80, le cercle vicieux qui naît et se nourrit de lui-même, et le silence de mise sur ce sujet explosif. Ayant grandi à la cité de Pantin, il connait les vérités dont il parle, et informe sans juger. Il dit, il romance, c’est tout, et c’est beaucoup, en fait ! Voilà ce que j’aime chez lui, le choix qu’il offre au lecteur de retirer ou non le papier glacé, coloré et parfumé « made in Zaoui » qui entoure son roman « rigolo », sa comédie. « Dire simplement le réel s’apparentait à une frappe nucléaire. Le politiquement correct balayait de son parfum anesthésiant le venimeux que nul ne voulait voir ».

Le cadre est posé dès les premières pages. Richard Belmondo allias Richou, supporte au quotidien les lois faites par les trafiquants de drogue, les incivilités diverses. Il s’est résigné, baissant les yeux en les croisant. L’omerta des habitants permet d’échapper aux représailles. On se plie aux règles ou on déménage !  Mais Richou est un trentenaire plutôt serein et loin de lui les prises de tête. Il mange des plats Picard réchauffés et visionne en boucle des fils avec Marielle, vu par sa mère comme un insouciant, par son père comme un sage ! « Il se laisse vivre comme un flageolet dans sa boite. Il va me rendre dingue », dit-elle. La prof de maths, elle, lui disait : « Z’êtes un mulet oisif, Belmondo ! » Il se contente de ses jobs successifs de vendeur, actuellement en stage au rayon fromagerie du Monoprix.

Alors la vie de Richou bascule quand ce sac plein d’argent lui tombe dessus. On se régale avec le rabbin Meyer, son voisin, un homme à l’humour exquis, un sage convaincu que donner cet argent à l’État ne serait pas un bon plan. Par contre, le redistribuer pour reconstruire ce quartier, redonner espoir à des malheureux sans perspectives, voilà qui semble une voie divine ! « Ce monde est imparfait, fissuré. Chaque homme a pour fonction de le réparer. Un peu comme Carglass ». Hilarant, sa conclusion que la petite vessie de Richou (il doit souvent faire pipi) est une « vessie providentielle » ! Les trois hommes de foi de Pantin deviennent rapidement « les prophètes inspirés », et le rabbin anciennement comptable gère le « buiseness plan de l’assistance ». La comédie bat son plein avec ce dialogue interreligieux autour de ce projet commun de bienfaisance. Mais voilà, on n’est pas au pays des Bisounours, et les méchants veulent retrouver le pactole. L’absence d’inquiétude de Richou m’a un peu contrariée…

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LE CONSEIL DU MATOU CHARLY, INTELLO MAIS PAS TROP : chez moi, pas de haschisch, mais de l’herbe  à chat, on appelle ça. 4€ le pot, c’est peu, et à la fois, vu ce que ça coute de faire pousser quelques graines d’orge, les fabricants doivent en remplir eux aussi, des sacs Adidas plein de fric… Mais comment faire pour trouver moi aussi cet argent ? J’ai beau uriner souvent dans ma litière, je ne semble pas avoir de » vessie providentielle »… Je répète en boucle cette phrase du rabbin : « De notre intention dépend l’histoire ». Mais monsieur le rabbin, mon intention est sincère, aider les animaux en détresse… Moi aussi je veux faire le bien ! Allah ne m’aurait-il pas choisi, comme le dit l’imam, n’aurais-je pas d’ange gardien, selon les paroles du prêtre ?

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LA DRÔLE D’ORDONNANCE DE LA PSY ET COACH EN HERBE : un livre ouvrant sur de nombreuses réflexions, le fait de réparer sans juger, l’entraide, l’altérité, la générosité à l’ère du chacun pour soi, la cohabitation, la mixité. Aider autrui permettrait-il aussi de se découvrir soi, de panser ses blessures, de s’aimer mieux ? : « Je n’ai pas beaucoup d’ego de toute façon, mon amour propre est un étranger avec lequel je n’ai jamais eu d’histoire », dit Richou.

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ET VOUS, VOUS FERIEZ QUOI SI VOUS TROUVIEZ CE SAC AVEC CE POGNON ?