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26 janvier 2024

« LA LANGUE DES CHOSES CACHÉES » de Cécile Coulon

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 Éditions L’iconoclaste – 135 pages – Janvier 2024

 

HYPNOTIQUE – ENIVRANT – POÉTIQUE

PITCH : Une nuit, des secrets, des souvenirs, un village serré entre deux collines, loin de tout, entre les braves gens, leurs fantômes du passé et le jeune guérisseur que sa mère a formé à un étrange langage… 

 

RÉSUMÉ : Dans un village reculé à une journée de marche, la guérisseuse est appelée. Trop âgée désormais, elle envoie le fils qu’elle a formé depuis toujours à voir les choses cachées. Il a une nuit pour soigner un petit être. C’est sa première mission. Mais… Sera-t-il à la hauteur de sa tâche ?

 

 MON AVIS : Cécile Coulon a sa propre manière de maîtriser  la langue des choses cachées. Ces choses cachées, à savoir les secrets du passé, de la nature et des hommes, elle les écrit dans son silence intérieur d’écrivaine à travers ses romans, sa poésie. Pour chacun de ses textes, elle ne marche pas une journée comme le fils, mais minimum six mois, chaque jour, et comme la mère dans ce roman, elle garde ses cogitations, ses visualisations pour elle, en elle, avant d’accoucher d’un livre, pour nous.

 

Depuis l’enfance, cette mère a formé son fils, l’a modelé à une tâche étrange, à un art ancestral peu commun mais vieux comme le monde. Il deviendra, comme elle, rebouteux, guérisseur, médecin des âmes. Un don ? Ou des capacités de perceptions extra-sensorielles qu’il faut entraîner, développer ? Avec le temps et l’expérience, il verra, comme la mère, ressentira, entendra tout ce que les autres portent en eux, dans leur corps, leur âme, leur passé, leurs souvenirs.

« Les hôpitaux étaient trop loin, les médecins absents, les vieux refusaient d’être soignés autrement que par des coupeurs de feu, des guérisseurs, des rebouteux. »

 

Cependant, il devra être discret.

 « Votre mère ne disait rien de cela. Elle savait mais elle ne disait rien. Elle ne posait pas de questions. Vous avez encore un peu de jeunesse en vous. »  (lui dit le prêtre)

L’autrice interroge sur le fait de devoir suivre à la lettre ce qui nous a été transmis ou d’avoir le droit à creuser un nouveau sillon, fort de l’apprentissage, mais un peu personnalisé tout de même. En fait, que se passe-t-il si la parole du maître n’est plus suivie à cent pour cent ? Est-ce dangereux ou au contraire enrichissant, innovant, libérateur ?

 

Le Fond du Puits, ce village à l’ombre, entouré de deux collines, traversé d’une seule route, habité par quelques familles aux passés entrecroisés… où le meilleur semble embrasser le pire…

« On ne quitte jamais Le Fond du Puits sur deux jambes, mais toujours porté par d’autres. »

La langue de Cécile Coulon est incroyablement impactante, j’ai ressenti des sentiments très contradictoires pour les habitants du lieu, ces taiseux qu’elle décrit comme « les braves et les minables », et qu’il faut aider, soigner, sauver.

« Le raffut est tel qu’il secoue la tête comme une vieille mule, et ce que le prêtre prend pour de l’orgueil n’est autre qu’une douleur vivace d’être de ce monde sans être de ces gens » (le fils)

Dans le fond, peut-on entendre les âmes sans se sentir différent du reste de la communauté ?

 

Avec ce roman poétique, l’autrice met aussi la lumière sur les violences faites aux femmes, les injustices, l’impunité. Le huit-clos (l’histoire se passe en une nuit) rajoute de la pression à cette ambiance inquiétante, violente mais tendre également. De même que les personnages qui n’ont pour nom que leur fonction : le fils, la mère, le prêtre. L’époque ? Il n’y en a pas, la violence est et reste intemporelle et transmissible… N’est nommé que le village !


 

LA DRÔLE D’ORDONNANCE DE LA PSY ET COACH EN HERBE : Les médiums ne se contentent pas d’imposer les mains. Ils « voient » ou ressentent ou entendent la mal-a-die. Et avec elle parfois aussi les racines du mal, cachées dans les secrets de famille, les actes honteux, les vécus douloureux. Le fils capte les fantômes du passé à travers les mémoires corporelles mais aussi à travers les pierres, les lieux. Tous ces non-dits qui enchaînent les êtres à travers les générations, parce que devenus invisibles consciemment aux descendants. Un véritable esclavage invisible mais douloureux.


 

LE CONSEIL DU MATOU CHARLY, INTELLO MAIS PAS TROP : moi aussi je sais et je me tais. J’entends les âmes, je vois les fantômes, je ressens les émotions. Et je soigne avec mes coussinets magiques. Mais je vous en prie, appelez-moi "Charly, guérisseur des âmes"  !


 

Vous avez apprécié ? Alors lisez d’autres écrivains-poètes comme Gilles Marchand, Julien Delmaire, Thomas Vinau, Carole Martinez et tant d’autres. Leur écriture est profonde et sensuelle, presque charnelle.

 

 

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