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OH PARDON ! TU LISAIS...
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13 décembre 2022

ÂGE TENDRE de Clémentine Beauvais

äge tendre de Clémentine Beauvais

 Éditions Sarbacane – 2020 – 378 pages-

 

 RÉSUMÉ  En fin de troisième, sur ordre de la nouvelle présidente de la République, chaque élève part en service civique obligatoire durant dix mois loin du domicile parental. Pour Valentin ce sera les Hauts de France, en établissement spécialisé dans la fin de vie des personnes atteintes de démence, une unité  reconstituée ambiance années 60-70. Mais rien ne peut se passer de façon attendue car Valentin est un garçon différent qui prend une initiative personnelle dès sa première mission qu’il juge irresponsable et horrible : non, il n’annoncera pas à cette résidente que Françoise Hardy ne viendra finalement pas chanter au centre (suite à la participation de la vieille dame au concours de « Salut les copains »). Maintenant, on exige de lui qu’il trouve un sosie crédible à la chanteuse…

 

PITCH  Mon ressenti émotionnel à lecture du roman : 9/10

Mon niveau d’émotions corporelles (par exemple quelques larmes versées à la fin ou des phases de rire) : 8/10

Mon évaluation des compétences de l’autrice concernant la connaissance des jeunes différents comme Valentin : 9/10 (on ne met jamais 10, l’exigence veut qu’on puisse toujours grandir en perfection !!!)

Mon impression du roman : extraordinaire et nécessaire. À mettre entre toutes les mains de 13 à 99 ans car il n’est jamais trop tard pour comprendre nos différences et donc  mieux vivre ensemble.

 

  MON AVIS  Clémentine Beauvais plonge ses lecteurs dans une société qui peut nous paraître légèrement science-fictionnelle, ou peut-être de moins en moins ! Avant d’entrer en seconde, les jeunes doivent effectuer leur Serci (service civique obligatoire), et comme pour parcours sup, ils peuvent exprimer trois choix de lieu et trois choix d’orientation. Le but ? « Préparer chaque citoyen et chaque citoyenne de la nation à sa future orientation, son employabilité, son professionnalisme et ses compétences interpersonnelles ». Whaou ! Dans le fond, quelle démocratie ne rêve pas de ça ? Dix mois durant lesquels ces jeunes sont pris en mains, éloignés de leurs parents, sous la responsabilité d’un tuteur et d’un encadrant sur le lieu de stage : « Ton tuteur est responsable de ta sécurité et de ton bien-être ».

 

Sacré problème que celui de la mémoire des gens atteints d’Alzheimer ! L’État finance donc des » unités Mnémosyne » dans lesquelles les patients croient vivre dans les années 60-70 (Il existe aussi des unités 30-40 pour les très âgés). Les détracteurs nomment « Disneyland de la démence » un système qu’ils disent juteux… L’ambiance morbide des hôpitaux est remplacée par des rues, un arrêt de bus, un café, une déco d’époque gérée par l’équipe « Authenticité et Reconstruction » qui s’occupe également du soleil (pour la luminothérapie), de la lune et bientôt on inaugurera les étoiles ! Bien sûr les résidents parlent de la guerre froide mais jamais de la crise climatique !

 Ce roman n’est autre que le voyage initiatique de Valentin, un garçon au premier abord décalé et curieux, qui va grandir, cheminer et évoluer sans jamais renier ou même essayer de gommer son identité profonde, celle d’un hyper-efficient, hypersensible, hyperesthésique, hyperémotif, hyper-empathique, omnibulé par la pureté de la pensée et des actes, et épris de justice.

 L’autrice a choisi la voie douce, exempte de brimades, et un entourage bienveillant pour lui permettre d’avancer. Elle met en scène un Valentin en combat contre l’anxiété et les crises de panique qui l’assaillent et qu’il évalue avec une note sur 10. Il est d’ailleurs suivi en thérapie où le psy lui a enseigné des méthodes : « Les petits trains sont maintenant partout dans mon corps, malgré toutes les stratégies de pilotages des trains mises en œuvre. Niveau d’angoisse : 9/10 »

Ce jeune va trouver rapidement dans ce centre un refuge de douceur, un lieu de beauté car sa sensibilité est +++. Il aspire à ne plus quitter ce cocon, et les vacances lui sont intolérables. (Syndrome de l’escargot ?)

 Sa rencontre avec Françoise Hardy le sauve en quelque sorte, et le fait sortir de sa coquille. « Cette voix, je ne sais pas pourquoi, glissait à l’intérieur de moi comme de l’eau, et j’étais rincé par cette voix ; elle ramenait à la gare les petits trains de terreur doucement ». La chanteuse devient son révélateur. Le « surdoué « qu’il est va alors se lancer à corps perdu dans l’apprentissage des chansons, de la guitare, il va visionner des tutos sur tout ce qui concerne ces années-là : se servir d’une platine, d’une machine à écrire etc etc. Il se réfugie dans la voix de Françoise Hardy comme dans un espace de non-violence, de douceur.

 

 Son encadrante, la médecin gériatre Sola Perré comprend vite le potentiel et les grandes difficultés de l’ado. « Tu es quelqu’un de précieux pour le monde ». Un attachement se créé après des débuts difficiles : « Mes impressions à son égard sont toujours : très négatives. Elle a un style de management qui ne convient pas à mes besoins et ne réalise pas mes potentialités ».

 L’histoire de cette amitié émouvante entre Valentin et Sola nourrit un des thèmes importants du livre : ses graves difficultés à gérer le départ d’un père de nouveau en couple avec « M la Marâtre » qui en plus est enceinte ! Toutes les pensées de notre Valentin passent à travers le filtre de la pureté, d’une sincérité déroutante, d’un refus du mensonge, d’une obéissance permanente et d’un sens du devoir exagéré. Alors il rejette ce père et cette femme en bloc ! Selon sa pensée, ce père n’a pas honoré ses engagements de mariage (fidélité + confiance), abandonnant sa mère à une tristesse +++, et il voit en lui toute la petitesse humaine et les mauvais choix posés. Il est donc intransigeant et jugeant envers ceux qui « se fichent des autres, poursuivent leur propre plaisir, ruinent la vie des autres ?! » Pourtant le père se donne du mal, traverse la France pour venir à lui, et la belle-mère fait preuve de patience et de gentillesse. De plus, évidemment, il aspire à la justice avec un grand J. Mais Valentin souffre là aussi de manière « hyper ». Chez lui tout est +++, les bonnes choses comme les souffrances.

 J’ai tant à dire mais vous allez me reprocher la longueur de la chronique……Une dernière chose importante : le roman est en fait un rapport de stage accompagné de « notes rétrospectives ». Une écriture délicieuse et une mise en page parfois originale et un peu musicale même.


 

LE CONSEIL DU MATOU CHARLY, INTELLO MAIS PAS TROP  Moi aussi je suis « hyper » : hyper tendre, hyper gentil, hyper fidèle, hyper joueur, hyper coquin, et bien sûr hyperesthésique comme les félins ! Nous les chats, nous entendons plus fort, nous voyons et sentons mieux que vous, notre goût est bien mieux développé et mes coussinets sont plus sensibles au toucher que vos orteils ! Alors la sonnerie de votre portable ou l’odeur horrible des croquettes Lidl……..ben c’est épuisant pour nous ! Et on doit se ressourcer dans le sommeil. Allez, bonne sieste !


 

LA DRÔLE D'ORDONNANCE DE LA PSY ET COACH EN HERBE   Offrez ce livre ! Et lisez-le, surtout. Je le trouve plus intéressant que nombre d’ouvrages pseudo-scientifiques à la mode sur la question de « l’hyper ».

 Je remercie Clémentine Beauvais, enseignante, chercheuse en sciences de l’éducation et autrice d’une vingtaine de livres !


 

! Le coup de coeur de mon année de lecture 2022 !

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Commentaires
V
J'ai vraiment adoré ce bouquin, tout en émotions.....Et si drôle ! le comportement et les réflexions de Valentin me parle vraiment.....son histoire avec Sola est géniale...... prise dans l'ambiance j'ai fini la lecture en écoutant Françoise Hardy....et j'ai eu du mal a tourner la dernière page sans pouvoir dire aurevoir à tous les personnages....un livre attachant qui fait du bien, a lire Et à offrir après !.....<br /> <br /> Merci Cathy, c'est toi qui m'a donné envie de le lire 💗
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N
Merci, superbe chronique qui donne vraiment envie de le lire !
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L
Alors là ......je n'ai qu'un mot " JE DOIT LE LIRE" !!! A non ça fait 4 mots !!...bref tu m'as vraiment donné envie de le lire ......😍
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J
Ah ce n'est pas moi qui vais reprocher la longueur des chroniques quand elles sont aussi intéressantes ! <br /> <br /> Bravo pour cette trouvaille en tout cas : vu le titre et l'illustration, je n'aurais même pas pris la peine de lire la 4ème de couv' mais après avoir lu ce billet je crois que je vais me laisser tenter (et pas seulement par la 4ème de couv' ^^)
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