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OH PARDON ! TU LISAIS...
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2 juillet 2023

« ET ILS DANSAIENT LE DIMANCHE » de Paola Pigani

  Éditions Liana Levi – 240 pages – août 2021

Et ils dansaient le dimanche

 

 

PITCH : Du combat pour la subsistance au combat pour la dignité, avec pour alliés la fraternité journalière, les petites joies simples et vraies, l’audace et le courage : voilà la vie des ouvrières dans l’usine de viscose de Vaux-en-Velin durant la grande dépression de 1929 puis la mise en place du Front Populaire.

 

RÉSUMÉ : Szonja et sa cousine ont troqué leur pauvreté hongroise contre une place d’ouvrière à l’usine de viscose de la Sase. Des amitiés se forment entre ces jeunes étrangères de tous pays qui trouvent refuge dans la sortie dominicale où l’on partage repas et danse sur les berges du Rhône pour oublier un instant les terribles conditions de travail. Mais les licenciements de 1934 vont mener les jeunes femmes à manifester, à espérer, à s’engager ensemble.

 

MON AVIS : Comme toujours mes idées préconçues avaient pris le dessus, je m’attendais à trouver une forte intrigue mais j’y ai trouvé en fait le rythme du quotidien. J’ai été Szonja, j’ai rêvé, j’ai souffert, j’ai dansé, j’ai pris des coups, j’ai manifesté, avec elle, avec les autres. J’ai touché du doigt le destin des ouvriers, le destin des femmes, le destin des étrangers, le destin d’un peuple entier.

Je me suis rapidement attachée à Szonja, cette jeune femme de vingt ans, taiseuse, plutôt suiveuse que meneuse, pourtant capable de quitter sa famille, son pays pour partir sans rien, vers un avenir inconnu et très incertain, à une époque où fermer la porte de la maison familiale signifiait souvent dire adieu aux siens pour…toujours. Pas d’internet et d’apéritifs en ligne sur zoom ! Notre héroïne se met donc consciemment en route vers un avenir qu’elle espère meilleur. Pourtant, à part cet acte de départ qu’elle a posé, elle subit plutôt qu’elle n’agit. Elle dit même « nous avons la volonté, la volonté du contentement, juste du contentement ». La hiérarchie est claire sur les attentes envers ces ouvrières : « on n’attend d’elles ni preuves d’intelligence, ni esprit d’initiative. » En résumé, bosse dur et tais-toi !

Ce texte est très féminin, les jeunes étrangères sont des héroïnes courageuses et méritantes, certes accompagnées d’hommes, mais c’est à travers leur regard de filles que l’autrice est entrée dans le roman.

Elles sont embauchées pour travailler dur dans des conditions atroces, sans aucune sécurité, ni de l’emploi, ni de salaire, ni même de protections quant à l’inhalation, aux intoxications ou aux brûlures dues aux produits chimiques, nécessaires à la transformation de la pâte de bois qui deviendra la cellulose, à partir de laquelle les femmes fabriqueront du fil. Leurs salaires sont de loin inférieurs à ceux des hommes –eux-mêmes déjà bas pour vendre les tissus à bas prix ! Cette évidence résonne toujours à nos oreilles, comme un vieil adage, comme si nous avions réglé en un siècle nombre d’injustices mais que celle-ci restait le dernier rempart d’une société machiste. 

 


 

LE CONSEIL DU MATOU CHARLY, INTELLO MAIS PAS TROP : Six jours sur sept, les ouvriers triment, les femmes sont logées dans un foyer tenu par des religieuses, l’office religieux est plus que conseillé, les punitions sont le menu quotidien. Mais le septième jour… leur appartient.

On va encore me dire que j’exagère, mais moi je conseille dans une prochaine vie de se réincarner en chat dans une bonne maison ! Ces usines, bas salaires, horribles cadences, brimades en tout genre…très peu pour moi ! Mais je promets que si j’ai le choix, dans ma prochaine vie, je reviens sur terre en tant qu’humain pour régler tout ça avec bonté, justice et empathie.


 

LA DRÔLE D’ORDONNANCE DE LA PSY ET COACH EN HERBE : Szonja est une jeune femme introvertie, aimant calme et solitude. La vie en collectivité lui pèse, elle cherche du temps pour rêver, espérer et imaginer son avenir. Elle cherchera d’abord à se ressourcer seule, mais rapidement elle partagera les moments simples et vrais avec les autres, au bord de la rivière, à piqueniquer, danser, rire et jouer. « C’est la loi du dimanche : marcher, respirer, dormir, aimer à son aise ». Dans cette ambiance lourde et instable due au fascisme grandissant, son amie Elsa, italienne gaie et extravertie, va vite l’aider à ne pas trop spéculer sur un avenir incertain mais plutôt à savourer l’instant présent, l’ici et maintenant. J’ai pris conscience à travers cette lecture que le petit nombre d’entre eux qui ne parvient pas à vivre dans l’instant présent ne fait pas de vieux os ! Aujourd’hui, nous parlons de burn-out, conséquence, entre autres, d’une incapacité à vivre focus sur le présent…  et à s’en satisfaire. Et que sont ces dimanches à rire, chanter, danser, d’autre qu’une art-thérapie ?


 

Vous avez apprécié ? Alors lisez « Une robe de chambre doublée de soie bleue » de Pascale Hilaire aux éditions Élan Sud, et la suite nouvellement sortie, « De la soie blanche pour les parachutes »:

Deux romans, une même époque, d’un côté la viscose de Lyon, de l’autre la soie en Ardèche. Un joli parallèle.

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Commentaires
T
Hou là...<br /> <br /> Si vous voulez un livre sur la dureté du capitalisme triomphant, écrit il y a plus d'un siècle (mais se déroulant à Chicao, Etats-Unis), je vous suggère La jungle, d'Upton Sinclair (une famille d'immigrants d'Europe de fraîche date est broyée par le "système"... malgré des débuts prometteurs...).<br /> <br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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