« DE LA SOIE BLANCHE POUR LES PARACHUTES » de Pascale Hilaire

            Éditions Élan Sud – Juillet 2023 – 278 pages-

Un roman historique, un roman de terroir.

Simplicité + émotions.

PITCH : un roman très bien documenté et une nouvelle immersion dans le monde de la soie ardéchoise, cette fois-ci en pleine guerre, où l’on retrouve Juliette, Lucien, Florence, Marcel, Eugène et les autres, avec la même joie que l’on éprouve en revoyant de vieux amis…

 RÉSUMÉ : Fin 1939 en Ardèche : Juliette ayant fait ses adieux à son fiancé Lucien, parti à la guerre, se retrouve devant de grandes responsabilités au moulinage où il sera de moins en moins évident de trouver des matières premières. Les Allemands prennent de plus en plus le pays en otage, les Juifs –comme tante Elsa– redoublent de prudence et ce petit monde ardéchois va s’organiser autour de la (sur)vie, l’entraide, l’amitié, l’amour pour résister et continuer à se battre pour la paix.

 MON AVIS : Pascale Hilaire nous invite à nouveau dans ce moulinage de Saint-Michel d’Ardèche, où la vie continue bien que la guerre vienne d’éclater. Des personnages toujours aussi vrais, humains, dotés d’une grande capacité de résilience. On les sent capables de s’adapter à toutes les situations. Mais à y regarder de plus près, on observe qu’ils ne sont jamais seuls. L’amitié tient chez l’autrice une place de grande importance, soutien et affection sont perpétuellement présents. Quand Juliette fait face à la solitude, alors son chat Neige prend le relais, jouant, câlinant, miaulant. Et si les ententes familiales n’étaient pas toujours extraordinaires avant, elles s’améliorent à cause de (grâce à ?) la guerre. On sent fortement ces êtres humains faire front tous ensemble contre l’ennemi et si possible dans la bonne humeur. Un autre front que le militaire, plus tendre, plus humain, plus constructif. Si je devais résumer le livre en un seul mot, je dirais : nous.

J’ai trouvé beaucoup d’humilité dans ce roman, comme s’il fallait rester sobre devant l’Histoire. Le style reste simple, à l’image de la galerie de personnages. On avance au rythme des événements de la vie politique, on révise le déroulé de la guerre, allant de la drôle de guerre (que les gens croyaient se finir très vite) à l’horreur de l’occupation, de la collaboration jusqu’aux arrestations. Mais l’autrice choisit d’écrire une histoire positive malgré l’état de guerre. Comme une bobine de fil qu’elle déroulerait d’une certaine façon, comme si elle avait décidé que la douceur de la soie déteindrait malgré tout sur leur quotidien. Elle met en avant la Résistance, l’aide aux Juifs, la solidarité, l’amour. C’est un choix humaniste et touchant, une manière aussi de voir le verre à moitié plein et peut-être de nous faire jeter un regard sur notre société si individualiste. Cette façon d’écrire en tout cas ne m’a pas épargné les larmes d’émotion…

La tante Elsa, Juive allemande, a trouvé refuge à la ferme parentale sous un nom d’emprunt. Là aussi, sans rien vouloir dévoiler, on comprend vite que rien n’est définitif dans la vie. Sa vie va rapidement basculer et la mener à Lyon, ville résistante. Et la couture sera son parachute, elle qui récupérait leur soie (acte bien sûr interdit) pour la reconvertir en splendides robes ou corsages. « L’élégance et le goût ne peuvent pas être rationnés. La mode, c’est de cette manière-là que les Françaises résistent à l’occupant ».

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LE CONSEIL DU MATOU CHARLY, INTELLO MAIS PAS TROP : une fille bien, la Juliette ! Elle aime et s’occupe bien de son chat, Neige, à qui l’autrice offre une jolie place dans le livre. Car on nous adore en photo, mais pour nous donner des rôles dans les romans ou au cinéma, là, y’a plus personne ! D’ailleurs, je n’ai toujours pas obtenu mon bout d’soie pour mon fauteuil (je ne parle même plus de carré, avec la crise… !), même pas une chute coupée dans un morceau de parachute… ça pue les restrictions chez nous…

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LA DRÔLE D'ORDONNANCE DE LA PSY ET COACH EN HERBE : Le livre fait la part belle aux femmes. Le départ des hommes est un peu synonyme d’opportunité professionnelle aussi ! Des places sont libres. Encore faut-il savoir, ou pouvoir les obtenir. « Lucien l’avait présentée comme la directrice remplaçante à la suite de son départ à la guerre. » Pascale Hilaire décrit bien les piliers que sont ces femmes, courageuses, endurantes, bosseuses, capables de remonter le moral des soldats. Elles ne pourront jamais plus réenfiler leurs costumes de simples femmes soumises, surtout après avoir inventé un management moderne. « Juliette proposait une direction à quatre têtes : Florence l’érudite, Joëlle la syndicaliste, Marie-Noëlle l’artiste et elle-même l’empathique. »

Vous avez apprécié ? Lisez « Une robe de chambre doublée de soie bleue » ! La chronique se trouve sur le blog (archives en date du 03/01/2023) et jetez un œil du côté d’Élan Sud, jolie maison d’éditions indépendante située à Orange (84)