« LE CHIEN DES ETOILES » de Dimitri Rouchon-Borie

Éditions Le Tripode –pages – Rentrée Littéraire 2023

 Superbe illustration d'Amandine Bourbon-Toulan

Sombre et lumineux, cruel et tendre, désespérant et plein d’espoir !

PITCH : Un roman ? Un conte ? Une fable ? Ou le road moviede deux gamins amochés aux enfances sacrifiées qu’un jeune adulte « différent » va chercher à tout prix à sauver ? Une bouleversante quête de réparation entre tendresse et brutalité.

 RÉSUMÉ : dans un monde violent et sans pitié, Gio, vingt ans, échappe de peu à la mort suite à un coup de tournevis en pleine tête. L’heure de la vengeance de son clan a sonné, mais Gio va fuir avec deux jeunes êtres cassés par la vie et tenter de survivre dans ce monde et même de vivre en s’échappant dans un monde quelque peu différent.

MON AVIS : je ne fais pas partie des lectrices de l’immense succès de l’auteur, « Le démon de la colline aux loups », je suis donc libérée d’office d’une quelconque comparaison !

J’ai entendu l’auteur parler de son absence de plan dans son écriture. Il crée des personnages forts et attachants puis les accompagne, les laissant faire face à la vie, aux évènements et même aux guerres, mot employé pour « problèmes ». En l’occurrence, Gio, Papillon et Dolorès viennent de la communauté des gens du voyage. Dimitri Rouchon-Borie fait donc un bout d’chemin avec eux, il les suit…

Ce livre creuse le sujet de la perte et comment chacun tentera de la gérer.

--Gio, après ses mois d’hôpital pour survivre aux conséquences du tournevis ne vivra plus jamais comme avant. Il a perdu certaines des capacités de son cerveau. La violence et la vengeance, elles, ont quitté sa demeure cérébrale. Mais d’autres sont apparues, notamment une capacité à communiquer avec les animaux et une sensorialité accrue. Le jeune homme nous touche avec ses débordements d’émotions, sa pudeur et sa gentillesse. Il ne comprend plus ce monde tel qu’il l’a connu mais une lumière intérieure a jailli, ouvrant à une vie simple et vraie. « Alors son esprit rejoint la chouette au dehors ». « Gio revoit la chouette et échappe son arme »

 --Pour sa famille, la réaction sera loin d’être résiliente, le clan demande vengeance, la prépare, la perte ressentie est de l’ordre d’un honneur perdu à récupérer. « Regardez bien mon fils qui est revenu vivant de la mort où vous l’avez jeté. Regardez. »  

« La sanction est différée, mais pas oubliée. »

 Deux jeunes apparaissent dans le monde de Gio et vont l’aider à surmonter cette nouvelle vie qu’il doit apprivoiser. De victime, il devient sauveur, se donne une mission, réparer ces gamins que les conditions de vie, les familles, la violence des hommes ont brisés jusqu’au plus profond d’eux-mêmes. Par moments j’ai trouvé une ambiance christique, Jésus, en route, rendant aux humains leur pureté. « …mais dès aujourd’hui vous êtes beaux et vous êtes purs pour toujours. »

--Le tout jeune Papillon, salement amoché par l’existence, et Dolorès, jeune proie sans protection d’aucune sorte vont vite s’attacher à Gio qui leur rend leur humanité. Mais les brutes de ce monde peuvent-elles accepter que d’autres s’en sortent et ne leur appartiennent pas ? « C’est le destin, mon garçon, et tu n’as pas les moyens de t’en payer un autre. »

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LE CONSEIL DU MATOU CHARLY, INTELLO MAIS PAS TROP : J’aime tout ce qui touche à la communication animale intuitive encore si méconnue voire moquée… Notre monde est onirique, nos sens sont puissants comme une Ferrari, comparés aux vôtres. Pourtant les vôtres ne sont qu’enfouis en vous. Ce monde parallèle, il est à vous aussi si vous faites silence, observez la beauté, écoutez, ressentez, appréciez la douceur, la gentillesse et accueillez vos émotions. Gio réussit à s’échapper dès qu’il voit des animaux ou des arbres. Un conseil pour y parvenir : LISEZ, ça aide l’esprit à s’envoler !

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LA DRÔLE D’ORDONNANCE DE LA PSY ET COACH EN HERBE : c’est en écrivant cette chronique, donc en rassemblant mes idées que je comprends ce qui m’a le plus touché. La trame du livre est noire, violente, les êtres rencontrés ont connu bien des misères lourdes et leur humanité en a pris un coup. Mais c’est Gio, tout simple qu’il est à présent avec ce cerveau entamé et diminué, qui saura comprendre comment accéder à la résilience, comment essayer du moins : en aidant autrui (en l’occurrence en protégeant des enfants), en cultivant le monde extra sensoriel et ses intuitions (en lien ici avec la communication animale) et en pratiquant la peinture donc une forme d’art-thérapie pour exprimer autrement ses émotions.

Sans vouloir trop développer, ce conte, selon moi, met en scène le cerveau gauche, symbole du mental, de l’action et de la réaction, et toute la violence dont il peut faire preuve dans certains cas et le cerveau droit, siège de la créativité et de l’imagination, parfois bien atrophié dans nos sociétés terre à terre et uniquement productivistes.

Comments

[pascalehilaire]

Merci Cat pour cette nouvelle chronique toujours bien argumentée. Ma prochaine lecture !