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OH PARDON ! TU LISAIS...
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  • Blog littéraire pour partager mes avis de lecture, pour parler des auteurs-autrices, leurs livres, leurs maisons d'éditions, leur passion et la mienne : l'écriture. Les bienfaits de la lecture sont magiques. Je souhaite à chacun le bonheur de lire.
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20 janvier 2023

« LA POMME D’ÈVE » de Myriam Saligari

LA POMME D'ÈVE

Éditions Élan Sud – Collection « élan d’elles » – Mai 2018 – 206 pages-

 

Votre arrière-arrière grand-mère ne savait déjà pas quoi penser de l’Amour et du désir ? Vous ne savez toujours pas quel sens leur donner ? C’est le fatras émotionnel et charnel ? Lisez ce roman, né de la passion d’une belle histoire et d’une plume élégante et coquine !

 

PITCH Un roman délicieux pour toutes celles et ceux qui croient ou ne croient plus en l’Amour, qu’il soit courtois, passionnel, sincère, éternel, sensuel, charnel, platonique (euh, non, pas celui-là), réciproque, fou, fidèle (ou pas) …

 

 RÉSUMÉ Mathilde travaille pour les Monuments Historiques, et sa nouvelle mission la mène à Saint-Félix-de-de-Tour. Instinctivement, elle entre dans un petit hôtel modeste au charme désuet. Immédiatement, l’historienne décide d’en savoir plus sur ce lieu qui fut un cloître médiéval puis une maison de plaisir et dont le nom « La Pomme d’Ève » va réveiller en elle des questions tant existentielles que personnelles autour du désir de la société et de son propre désir.

 

 MON AVIS :  Ce roman historique, psychologique et philosophique a véritablement conquis mon cœur. L’autrice enquête sur les différentes périodes de « La Pomme d’Ève » et nous rencontrons les principaux protagonistes : Charles Soré qui, au XVème siècle, « souhaitait faire de cet ancien lieu de culte un merveilleux palais de l’amour, ouvert à tous les amants pourchassés. La seule condition étant de s’aimer passionnément ». Puis sa fille Hélène, née dans le lieu, qui continue l’œuvre paternelle en y apposant sa touche : « Puisque je suis capable de concevoir une telle immensité, je peux mettre l’amour au défi d’exister ». Les chapitres renvoient donc à des époques différentes, des conceptions de l’amour différentes, des visions de la société plus ou moins tolérantes, notamment durant l’inquisition. Évoquer le désir excite malheureusement ceux qui voudraient l’interdire…

Vu du côté psychologique, le personnage principal est l‘hôtel, cet endroit aux pouvoirs un peu magiques qui transforme ces hôtes. En cela, le roman flirte avec le conte de fée sans toutefois en être un. Mais des touches de réalisme merveilleux le parsèment ! L’autrice entrouvre avec délicatesse des portes, celle du surnaturel, du fantastique, de l’univers de l’inconscient humain –méconnu et fantasmé. Ce lieu joue un peu le rôle du psy, il livre au compte-gouttes quelques indices qui font écho en Mathilde, réveillent ses souvenirs qui jaillissent comme des geysers : une fois qu’une maille a sauté dans le pull, il suffit de tirer pour le détricoter. Alors elle alterne les retours dans son passé amoureux avec les voyages dans le passé de cet hôtel, ce lieu protecteur de l’Amour. Elle revisite ses traumatismes, les libère du trop-plein de leurs émotions douloureuses pour découvrir peu à peu son identité et son rapport au désir et au plaisir. L’autrice joue avec les mémoires : celle du cerveau, celle du corps (« comme si la peau avait une mémoire à elle, aussi fidèle qu’un parchemin »), celle du temps et des pierres…

 

Côté plus philosophique et sociologique, il est question de soif d’absolu et d’éternité, rien que ça ! « L’époque actuelle se trouvait engluée dans la matière ». En effet, notre société terre à terre, matérielle et qui a lâché la main de Dieu n’en recherche pas moins l’éternité ! Alors de nos jours, il est facile de déraper vers « un espace spirituel désincarné » et de risquer la dangereuse déconnection (je ne parle bien sûr pas de celle, nécessaire, du smartphone !!!) Mathilde, comme déjà Hélène avant elle, s’interrogent sur ce pont entre la terre et le ciel, métaphore de l’Amour vrai : « Contrairement aux libertins qui prenaient le plaisir pour un but en soi, contrairement aux puritains qui pensaient qu’il barrait la voie au spirituel, Hélène avait eu la preuve que le corps, dans ses limites, dans sa fragilité, s’il était regardé, caressé par amour, permettait d’accéder à l’éternité ». Une autre question existentielle taraude tous les êtres humains de tous les temps : comment faire résister l’amour au temps ??? Chère lectrice, cher lecteur, détenez-vous ce secret ?

 

Partons du côté des cinq sens : ce roman les chante et les exalte à travers une langue très imagée et donc très visuelle pour les lecteurs. L’autrice manie à merveille les descriptions mystérieuses et sensuelles, poétiques et charnelles. Vous allez vous régaler et tout oublier dans ce lieu qui met la nature –et donc la vie– sous toutes ses formes à l’honneur : les fleurs, les fruits, les sucreries et autres ingrédients… Place à l’insouciance et au plaisir des caresses du corps, de l’âme et du palais. Mon conseil : prévoyez un petit gâteau en accompagnement du roman, de toute façon vous ne résisterez pas !

 

Mais je n’ai parlé qu’Amour alors que ce roman interroge sur la place et le rôle de l’art…lui-même éternel ou éphémère ?  Source d’extase ? Compagnon du plaisir ? L’art doit-il être figé dans le temps ou admiré dans l’instant présent, afin de se réinventer à chaque instant ? L’Amour et l’Art ont finalement plus en commun qu’on ne l’imagine…


 

LE CONSEIL DU MATOU CHARLY, INTELLO MAIS PAS TROP :  Stop ! Sujet tabou l’amour charnel… Je suis coupé, châtré, castré, enfin bref… L’échangisme de quartier, c’est du passé !!! Pour ce que ça rapportait…Pff ! Des bébés chats abandonnés, maltraités et affamés sur les trottoirs ou les bords de route. Cependant je suis un très grand sensible et amoureux et mes cinq sens se portent à merveille. Qu’on se le dise !


 

LA DRÔLE D'ORDONNANCE DE LA PSY ET COACH EN HERBE : dans le fond, ce livre définit fort bien le travail psy : la partie psychanalyse : fouiller son passé comme un archéologue puis déchiffrer les hiéroglyphes à la recherche de sens avant de laisser son inconscient agir à sa guise, et la partie plus cognitive, avec un passage où Mathilde ancre en elle un souvenir qui deviendra un p’tit coin de paradis. En sophrologie par exemple, l’exercice de l’ancre sert à mémoriser un instant délicieux, à le fixer de telle façon qu’on puisse faire appel à lui en des circonstances plus douloureuses.

 

Vous avez apprécié la plume sensuelle et poétique ? Alors lisez « les roses fauves » de Carole Martinez.

 

 

 

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Commentaires
D
Belle chronique de ce livre que j'adore. La plume de Myriam Saligari est très fluide et imagée.<br /> <br /> Par contre, qui est ce "MATOU CHARLY" au milieu?
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